Discours de Darya Djavahery-Farsi lors du rassemblement "Portez la voix d'Iran" [2 Octobre 2022]
En Iran on dit que le nom de code de la révolte c’est son nom. Mahsa Jina Amini. Jeune fille de 22 ans, tuée par la police des mœurs en Iran pour un bout de cheveux qui dépassait. En Iran on dit aussi "depuis qu’on a tué Mahsa, tout ne tient plus qu’à un cheveu".
Merci d’être ici à nos côtés pour apporter votre soutien à la révolte qui embrase l’Iran sous cette bannière commune "femme, vie liberté". Slogan kurde qui aujourd’hui, est devenu un cri de ralliement pour l’Iran tout entier. Le Kurdistan iranien, région natale de Mahsa, s’est levé. Derrière elle, tout le pays a suivi dans un mouvement porté par la jeunesse, qui n’a pas de leader, pas de drapeau ; qui a dépassé les barrières ethniques et religieuses de l’Iran. Leurs demandes sont simples, elles sont également les nôtres : la fin de la dictature théocratique en Iran.
Les régimes totalitaires s’attaquent en premier à l’autonomie corporelle des femmes. La violence à laquelle elles sont sujettes est le marqueur de la violence de la société. En Iran les femmes veulent la fin du voile obligatoire, elles veulent la liberté de régir leurs corps, elles veulent aussi la liberté tout court. Les hommes se tiennent à leur côté. Si le peuple iranien est descendu dans la rue pour Mahsa, il y est resté aussi pour contester plus de 40 ans de violence à l’encontre de toutes les strates de la société, plus de 40 ans de douleur.
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Dans le noir le plus total, la répression bat son plein. Des villes Kurdes sont bombardées côté iranien et côté irakien, avec le peu d’information qui nous arrive il est impossible de prendre la mesure de la violence qui s’y déroule. Le nombre de morts s’élève à plus de 80, et des milliers de personnes ont été arrêtés. Il faudra tous nous battre pour la libération de ces prisonniers politiques qui sont en grave danger.
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Face à une dictature, les rappels à l’ordre sont futiles. Nous demandons au gouvernement français et à la communauté européenne de cesser tout rapport diplomatique et négociation avec le gouvernement iranien tant que l’accès à l’internet n’a pas été rétabli. Tant que les prisonniers politiques n’ont pas été libérés. Tant qu’une commission d’enquête internationale indépendante n’a pas été formée pour investiguer la mort de Mahsa Jina Amini, et la répression du mouvement protestataire qui a suivi. L’Allemagne et l’Espagne ont toutes deux convoqué les ambassadeurs iraniens afin qu’ils répondent de la répression brutale des manifestants et des abus des droits humains en Iran. Il est temps que la France en fasse de même.
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Merci d’être ici à nos côtés, notre combat pour la démocratie est aussi le vôtre.
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Ensemble, soyons leur voix.
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Femme Vie Liberté.